Contrôle technique moto : les raisons de notre refus !
Le projet de contrôle technique moto a connu un curieux feuilleton cet été : le lendemain de la publication du décret qui prévoyait sa mise en place, le Président Macron l’a suspendu ! L’occasion pour les anti-motos de dégainer des arguments plus abracadabrants les uns que les autres, et pour nous de rappeler les raisons de notre refus de ce CT moto inutile !
Il est fondamental pour nous, FFMC, de rappeler que nos préoccupations citoyennes incluent le respect de l’autre, donc vont à l’encontre du bruit excessif de certains, qui nous dérangent voire nous réveillent comme tout citoyen, que nous nous préoccupons du sort de notre planète, dont la pollution est inquiétante, et que la sécurité routière fait partie de nos domaines d’expertise.
Pour bien des opposants à la moto, le contrôle technique est présenté comme un remède non seulement à la mortalité routière des deux-roues motorisés, mais aussi un remède contre le bruit excessif de certains motards, et contre la pollution de nos moteurs thermiques. La plus belle exagération dans ce domaine est sans doute un éditorial du journal Le Monde, qui n’a pas hésité à présenter la suspension du CT par le Président comme pas à « la hauteur des risques climatiques majeurs des années qui viennent« , allant jusqu’à un vibrant « nos démocraties auront besoin de responsables crédibles dans leur capacité à faire œuvre de pédagogie et de courage politique afin d’accélérer la décarbonation de nos sociétés » !
Fort heureusement, certains autres (Le Point par exemple) ont développé des arguments pertinents pour expliquer en quoi le CT moto n’avait aucun intérêt pour résoudre ces problèmes. Sans compter que si le transport individuel représente 30% des causes de pollution, le véritable courage politique serait sans doute de s’occuper (aussi) des 70% restants, comme le courage journalistique serait également de le souligner, et ce pour le bien des générations futures !
Voici ce que nous, nous pourrions suggérer à certains titres de la « grande presse « qui se sont empressés de dénoncer la suspension du CT moto avec des argumentaires fallacieux :
Tout d’abord, le fait que l’Europe exige quelque chose n’a jamais été un gage de pertinence. En l’occurrence, quand le rapport MAIDS (en bas de page) établit le nombre d’accidents dus à une défaillance technique à 0.3%, il serait intéressant d’en faire état ! Les mutuelles et compagnies d’assurance peuvent également aider à établir que la cause technique – comme une usure des pneus très facile à détecter sans besoin de visite – est très minoritaire dans les accidents de deux-roues.
En effet, la directive européenne exige un contrôle technique. Il serait pertinent de rappeler que l’exercice de la démocratie avait fait que notre Assemblée nationale et notre Sénat avaient, eux, voté NON à ce CT moto ! La décision européenne s’oppose donc à la décision française. La France avait d’ailleurs voté non à l’échelle européenne également, il aurait été intéressant de se demander pourquoi…
De plus, l’Europe exige ce CT pour des raisons de sécurité, argumentant pour sa mise en place une potentielle amélioration de l’accidentalité : revoir les rapports sur le sujet, la cause technique est ultra minoritaire… L’invention française est donc d’adjoindre à une vérification de sécurité VISUELLE une mesure de bruit et une mesure de pollution.
Le tout pour 50 Euros, soit un tarif comparable à celui d’un médecin spécialisé, pour un coup d’œil que l’usager comme son concessionnaire savent faire (c’est au programme du permis moto) ! Et ce « détail » ne mérite sans doute pas d’être évoqué dans certains « grands » médias… En revanche, rares sont ceux qui ont eu le courage de dénoncer l’emprise d’un lobby, celui des opérateurs de contrôle technique, qui devant le recul de l’automobile cherchent par tous les moyens d’autres manières de rentabiliser leurs installations !
Quant à l’accidentalité, quand on sait que près des deux tiers des accidents de 2RM avec un autre véhicule sont provoqués par l’autre véhicule, le risque cité dans certains articles aurait mérité cet éclairage…
Parlons maintenant de l’ajout français au contrôle technique « sécuritaire » de mesures de bruit et de pollution. Le bruit excessif de certains en particulier est une préoccupation de notre association dont les valeurs incluent avant tout le respect de l’autre, donc sont à l’inverse de ceux qui trafiquent leurs échappement pour mieux se faire remarquer. À votre avis, ceux qui savent faire plus de bruit que la normale vont aller avec leur machine bruyante au CT pour mieux se faire envoyer sur les roses ? Non, ils vont remettre leur machine en conformité le temps du CT, et repartiront aussitôt dans leur garage la remettre dans l’état bruyant qu’ils souhaitent !
La solution à ce fléau public qu’est le bruit excessif n’est pas dans un CT inutile sur ce plan, mais dans l’éducation au respect d’autrui d’une part, et à un retour des contrôles sur le terrain, et pas par des radars qui n’ont jamais éduqué personne…
Concernant le rapport plus que douteux entre les nécessaires avancées de l’écologie, principe avec lequel nous sommes pleinement en accord, et la pollution supposée des motos comparées aux voitures, il est utile de consulter le rapport de l’ANSES de 2019, un des plus étoffés de ce domaine, qui recommande d’augmenter la part modale des deux-roues pour améliorer la qualité de l’air, en même temps que d’améliorer leur performance énergétique : c’est le cas avec une évolution très rapide ces dix dernières années !
Enfin, concernant la pollution, les particules fines émises par pneumatiques et freins sont beaucoup moins importantes du fait d’un deux-roues que d’une voiture. Les émissions polluantes les moins fortes sont le fait de deux-roues, qu’il s’agisse de CO2 (36 g/km chez Honda) que des particules autres, sauf pour les plus anciens, qui ne sont pas les plus utilisés.
Là encore, le CT ne servira à rien puisque les niveaux acceptables de CO2 ne figurent sur les certificats d’immatriculation que depuis peu de temps, la seule mention y figurant étant le classement Euro donc le niveau maximal d’émissions pour la réception du véhicule concernée.
Autant dire que la majorité du parc roulant ne pourrait pas être contrôlée en pollution, mais payerait quand même le montant « de base » exigé par les opérateurs de CT… Tout comme ceux dont le niveau de bruit ne figurait pas payeront quand même pour un simple contrôle visuel le même prix, sans avoir ni mesures de bruit ni de pollution… 50 Euros le contrôle visuel inutile, ça pourrait figurer dans un article comme une discrimination de plus ?
Vous l’aurez compris, le refus du contrôle technique par la FFMC est le refus d’un acte inutile, et non comme le prétendent certains détracteurs, une volonté de nous laisser faire tout et n’importe quoi au mépris des autres et de nos valeurs. La nécessaire transition écologique n’a aucun besoin d’un contrôle technique des motos, tout comme la société n’a pas besoin de ce CT moto pour que le bruit de certains et la pollution d’autres ne diminue.
Parole de citoyens.