Le Portugal dit non au contrôle technique obligatoire pour les motos : une victoire pour les motocyclistes


Le 5 décembre 2024 marque un tournant important pour les motocyclistes au Portugal. Le Parlement portugais a décidé de rejeter la mise en œuvre d’un contrôle technique périodique (CTP) obligatoire pour les motocyclettes, une mesure qui devait entrer en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025. Ce choix, salué par les associations locales de motocyclistes, reflète une approche nuancée des enjeux de sécurité routière et des besoins des usagers.

Une mobilisation de longue haleine

La décision parlementaire est le résultat de plus de 12 années d’efforts constants menés par le Grupo Acção Motociclista (GAM), une organisation portugaise défendant les droits et intérêts des motocyclistes. Depuis plus d’une décennie, le GAM a plaidé auprès des autorités pour démontrer que l’imposition d’un contrôle technique périodique pour les motos n’était ni justifiée ni adaptée à la réalité du pays.

Le GAM a mis en avant plusieurs arguments, notamment le fait que le contrôle technique n’a pas prouvé son efficacité pour réduire significativement les accidents impliquant des motos. Selon eux, les accidents de moto sont principalement dus à des facteurs humains ou environnementaux, tels que des erreurs de conduite, le comportement des autres usagers de la route ou des infrastructures routières inadéquates, plutôt qu’à des défaillances mécaniques.

La position du Parlement portugais

Dans son analyse, le Parlement a reconnu que l’instauration d’un contrôle technique périodique pour les motocyclettes aurait engendré des coûts importants pour les propriétaires de motos, sans pour autant offrir un bénéfice clair en termes de sécurité routière. La majorité parlementaire a donc voté contre cette obligation, choisissant de se concentrer sur d’autres mesures pour améliorer la sécurité sur les routes portugaises.

Cette décision place le Portugal parmi les pays européens qui choisissent de ne pas imposer cette obligation, en opposition à une directive européenne de 2014. Cette directive avait suggéré l’introduction du contrôle technique périodique pour les véhicules à deux roues motorisés dans toute l’Union européenne, bien que la mise en œuvre dépende des États membres.

Une décision au cœur d’un débat européen

Le rejet du contrôle technique périodique par le Portugal intervient dans un contexte où les réglementations varient largement à travers l’Europe. Certains pays, comme la France et l’Espagne, ont choisi d’introduire un contrôle technique obligatoire, arguant qu’il contribue à réduire les risques liés aux défaillances techniques. D’autres, comme le Portugal et les Pays-Bas, estiment que ces mesures ne sont pas nécessaires si les motocyclistes entretiennent correctement leurs véhicules.

Cette décision portugaise pourrait influencer les débats dans d’autres pays européens, en encourageant une réflexion plus large sur l’efficacité et la pertinence de ces contrôles techniques pour les motocyclettes. Les organisations de motocyclistes à travers l’Europe, dont la Fédération des Associations Européennes de Motocyclistes (FEMA), continuent de surveiller ces évolutions, plaidant pour des approches adaptées aux besoins spécifiques des usagers.

Un équilibre entre sécurité et coût

L’un des arguments principaux avancés par le GAM et d’autres opposants au contrôle technique est le coût financier qu’une telle mesure ferait peser sur les motocyclistes. Dans de nombreux cas, les motocyclettes sont utilisées comme moyen de transport économique, notamment par des personnes à revenus modestes. Imposer des contrôles périodiques pourrait décourager leur usage ou alourdir le fardeau financier des propriétaires.

En parallèle, le GAM a mis l’accent sur l’importance de promouvoir des infrastructures routières adaptées aux motocyclistes, comme des routes mieux entretenues, des marquages visibles, et des mesures pour éviter les glissades dans les zones à risque. Ces solutions, plus ciblées, pourraient avoir un impact plus direct sur la sécurité des motocyclistes.

Une victoire pour les motocyclistes portugais

Pour les motocyclistes au Portugal, cette décision représente une victoire significative. Elle témoigne de la capacité des associations comme le GAM à faire entendre leur voix et à influencer les politiques publiques. Cette décision montre également qu’un dialogue constructif entre les usagers de la route, les législateurs et les experts en sécurité routière peut conduire à des solutions équilibrées.

Une réflexion pour l’avenir

Alors que d’autres pays européens poursuivent le débat sur la mise en place de contrôles techniques obligatoires pour les motos, le Portugal offre un exemple d’une approche alternative. En misant sur la responsabilisation des motocyclistes et en investissant dans des infrastructures de meilleure qualité, le pays pourrait démontrer qu’il est possible d’améliorer la sécurité sans alourdir les contraintes pour les usagers.

Cette décision ouvre la voie à une réflexion plus large sur la manière de concilier sécurité routière, liberté des usagers et réalité économique. Pour les motocyclistes portugais et européens, elle marque un moment important dans la défense de leurs droits et dans la quête d’un équilibre entre réglementation et liberté.

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